balle 2

 

 

On m'avait dit, à la retraite, surtout ne coupez pas le lien social!  Pourtant, j'avais retrouvé le plaisir du tennis en jouant contre le mur du garage.


Le psy auquel je m'étais confié voulait surtout savoir si cette pratique avait amélioré mon jeu. Je répondis que je l'ignorais vu que je n'avais jamais remis les pieds sur un court.


- Dommage! Dommage! J'ai tellement de problèmes moi-même avec mon revers que je me demandais si ça ne valait pas le coup d'essayer... On a un superbe mur au club que personne n'utilise!  Et le psy ajouta en rigolant, c'est vrai que jouer contre un mur, en chaussettes blanches à rayures, ça n'est pas très fun!


J'ai dit que ça m'intéressait, ce mur, surtout s'il se trouvait suffisamment à l'écart du passage des joueurs et loin du club-house, que mon mur de garage à moi  avait un revêtement en mauvais état qui provoquait quelques faux rebonds et que ça gâchait un peu mon plaisir. Je lui demandai s'il pensait que je pourrais  adhérer à son club, mais en toute discrétion et uniquement avec l'option mur.

Le psy me répondit que je tombais bien, qu'il était le trésorier du club et qu'il me ferait un prix puisque je n'utiliserais que le mur, il suffit que vous régliez la cotisation avec  la consultation et je m'occuperai de tout.


J'en fus heureux. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'avais l'impression que les choses tournaient à mon avantage. Mon projet commençait à prendre corps. Je  percevais que j'avais une certaine emprise sur ce psy-trésorier et qu' avec le temps, peut-être, je pourrai obtenir des choses. Je rêvais d'un mur parfait,  d'un sol parfait,  d'une raquette parfaite et  d'une balle parfaite dont la trajectoire ne serait plus soumise qu'à la seule précision de mon geste. Et je n'aurais de repos que de cette balle jaune allant et revenant sans cesse du mur à la raquette. De ça, bien sûr, je n'en dis pas un mot au psy.


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