La photo de Pessoa mise en couverture me dérange. J’aime le lire, je ne peux pas le voir.


 

 Pessoa  avait perçu cette gêne lors de notre rencontre:

« L’homme maigre me sourit négligemment. Il me regarda avec une méfiance dénuée, cependant, d’hostilité. Puis il me sourit de nouveau, mais d’un air triste. Ensuite il baissa les yeux de nouveau sur son assiette. Il poursuivit son dîner en silence et concentration. »


 

 Pourtant, je n’étais venu à Lisbonne que pour lui. Mais quand il entra dans le café, je ne pus admettre que l’écrivain fût cet homme ordinaire qui ressemblait tant à mon chef de service. Je baissai les yeux. Et si je lui avais parlé, m’aurait-il, en plus, raconté sa vie ?


 

Avant de sortir et sans jamais le regarder, j’ai griffonné sur un coin de la nappe en papier ces quelques mots (j’ai su plus tard qu’il avait pu les lire) :

« Tu n’existes pas, je le sais bien, mais est-ce que je sais de façon certaine si j’existe moi-même ? Moi  qui t’existe en moi, ai-je plus de vie réelle que toi, et que cette vie (morte) qui te vit ?

 


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       « Ange, de quelle matière est faite ta matière ailée ? ».

 








On ne peut voir celui qui écrit. Les écrivains sont invisibles.

 

Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité   (Christian Bourgeois éditeur).

 

 

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