Le genou
Publié le 16 Octobre 2010
Quand il rêve le monde, c’est Dublin, ses pubs, trouver le mur où pisser juste. C’est Naples violente, regardée de Sorrente la douce. Lisbonne pour Pessoa, pour
personne. Rome, Athènes mêlées de bruits, de poussières, de chaleur.
Il veut sauver ces temps de bonheur triste, ces jours sans histoire, les silences, les inconnus croisés. Il ne sait décrire ces fragments de passé vide que par des
phrases creuses, un rythme, toujours le même, celui de la monotonie des heures, des redites, une illusion d’éternité.
Un coin de terrasse qui passe lentement du soleil à l’ombre, les veines bleues d’une main, ce genou qui bat la cadence, une attente, une patience, une douceur
qu’on voudrait infinies et le désir soudain de tenir le temps arrêté.
C’étaient au mur, près d’un porche, des grappes de tomates naines, rouges. Les avait-il rêvées ?