Il a droit à une sortie d’une heure à moins d’un kilomètre.
Bien sûr, il sort plus d’une heure et au-delà du kilomètre. Au bout du chemin se fera-t-il prendre par la patrouille? Tout l’intérêt de la chose est là... Modeste transgression pour un peu d’adrénaline, mais véritable cure de jouvence. A son âge, il peut encore jouer aux gendarmes et aux voleurs!
Il redoute la fin du confinement. Sur ce même chemin il fera alors sa balade triste, comme un vieux gangster rangé des voitures.
Un petit écureuil s’arrête sur une haute branche. Au pied de l’arbre, un renard qui l’observe lui dit…
- Et bonjour, Monsieur l' Ecureuil ! Que vous êtes joli, que vous me semblez beau! Sans mentir si votre…
Le petit écureuil, qui connaît ses classiques, à ces mots l’interrompt,
- Maître Renard, que me contez-vous là? Je ne suis pas corbeau et n’ai point de fromage!
- C’est vrai, répond le renard, mais pourquoi inventer une nouvelle fable? Je n’aime pas les noisettes.
Moralité: comprenne qui pourra.
Semaine de fête obligatoire, encadrée par la Loi. Pendant 7 jours, le droit incertain au bonheur devient un devoir absolu. Souris! Sois heureux! Tu dois! Une police du bonheur. déguisée en pères Noēl parcourt les rues des villes et des villages, traquant mine sombre, grimace, rictus, et larme même discrète. Un soupçon de tristesse et c’est la punition assurée! Coups de fouet, amendes, prison. On peut même finir au bout d’une corde, en cas de mélancolie dépressive persistante, pendu pour l’exemple en place publique, applaudi par une foule hilare…
Alors chacun se force à sourire. Sourire partout, tout le temps. Ce n’est que la nuit, chez soi, à l’abri des regards, qu’on peut enfin laisser aller ses traits. Il n'y a repos du visage que dans la gravité.
Trop sourire fatigue. Mais tout est prévu. Tu n’y arrives plus? Porte un masque! On en vend partout. Sourires pas chers ou hors de prix, basiques ou sophistiqués. Les marchands se frottent les mains. Eux, c’est sûr, n’ont pas besoin d’en porter! "Souriez dans l’effort, mais sans effort", chez Décathlon, "le sourire à prix coûtant" chez Auchan. Partout, à la radio, à la télé, dans les journaux, sur les murs, cet avertissement: Attention! Un malheur est si vite arrivé, protégez-vous, sortez masqué!
Il faut dire que la loi s’applique à tout l’espace public: même les hôpitaux, les maisons de retraite, les cimetières sont concernés. De grands panneaux vous accueillent aux entrées,... "Ici vieux, oui, mais souriants...", "Malades certes, mais marrants,.. ", "T’es mort et enterré, la belle affaire! On en rigole encore…".
C’est dans ce contexte de joie collective obligée qu’on me demande comme chaque année d’écrire un conte de Noël propre à plonger dans la joie mes lecteurs…
La tâche est risquée, je n’ai pas le droit à l’erreur. Par précaution je vais commencer par la fin. La voici: "… son visage rayonnait de bonheur".
Le plus dur reste à faire, Il va me falloir beaucoup d’imagination pour savoir comment mon héros a bien pu en arriver là.
à Franquin, au Marsupilami...
Dans l’ordre lexical le houbisme reste à proximité du holisme. On ne peut cependant confondre les deux pensées. Certes le « houba » fondateur est un bon exemple du rayonnement holistique du langage (gashungonomatopeiz, concept-mot, hélas, intraduisible en français), mais il dépasse par son universalité pragmatique la trialectique habituelle somme/tout/partie.
« Houba » dit ce qu’il dit et plus que ce qu’il dit, mais dit aussi ce qu’il ne dit pas et davantage encore que ce qu’il ne dit pas, et parfois même en dit moins. Ce surplus de dits, de nondits, de susdits, de sousdits et d’interdits est le dit et le lit du houbisme.
Le houbisme fait de la concomitance pensée-langage la raison (hershungmixtempversustempozeiz, intraduisible aussi) du désordre conceptuel du monde.
Pour faire plus simple, disons que le houbisme voit, dans le malentendu, le fondement des relations humaines. Mais il affirme que de ce bancal, de ce mal dit, de ce pas bien compris, de cet incertain, de cet ambigu, peut naître un humanisme. Il suffit seulement d’oublier l’inutile et mortelle question du sens. C’est une révolution culturelle.
Développé en acte, le houbisme pourrait proposer un nouvel art de vivre.
« Parlez-vous encore et toujours, mais, surtout, ne cherchez pas à vous comprendre! Encore mieux, taisez-vous! Alors, en vérité, je vous le dis, tout ira bien ! Houba ! »
Elle est fan absolue de Georges Clooney. Elle regarde en boucle le dernier spot Nespresso en répétant, trop subtil ! trop subtil ! Je m’approche de l’ordinateur et regarde avec elle. Je concède, c’est pas mal !
Elle se retourne furieuse: - Tu es sûr d’avoir bien tout compris ! Cette interrogation en abyme sur l'identité? Et le doute existentiel exprimé dans le dernier regard ? Il y a plus d’intelligence et de profondeur ici , en quelques secondes, que dans bien des films qui se poussent du col à Cannes !
- Tu exagères, je lui dis, on ne peut comparer! Et je lui fais remarquer aussi qu’avec Clooney le prix du kilo de café, par dosette interposée, monte à 70 euros !
- Ce n’est rien, il le mérite, répond-elle, les yeux brillants. Et puis, elle ajoute, définitive, avec Georges, pas de risque, lui, qu’il parte en Belgique planquer son fric ! Même dans une pub, il sait tenir son rang !
http://www.youtube.com/watch?v=RoZgGXd1-Z8
Les censeurs étaient partout : il fallait écrire droit. Chaque lecteur pouvait se constituer en minorité opprimée et faire valoir ses droits de victime. Ecrire en public, même sur un blog peu lu, vous exposait à être pendu. Aussi pour éviter tous les procès en sorcellerie de l’époque, l’écrivain n’utilisait plus que des termes vagues, génériques, capables de contenir tout et son contraire. Il écrivait, par exemple, « J’aime bien x, j'aime pas y ». Mais, même là, il n'était pas à l’abri des poursuites d’une association de défense des droits d’une lettre de l’alphabet.
Pour être peinard, l’écrivain avait trouvé une solution qui semblait convenir à tous : il publiait des livres sans titre aux pages blanches marquées de points. En exergue, il donnait le mode d’emploi : « Ami lecteur, j’ai mis les points. Devant, écris tes phrases ».
" Comment devenir les maîtres du monde? En centralisant l'ordre et la pouvoir autour d'une minorité et en semant le désordre dans le peuple, ramené au niveau de pantins paniqués. la méthode? L'ingénierie sociale: infiltration des esprits, analyse de nos moindres faits et gestes, contrôle des comportements à distance, marketing de l'intime et autres réjouissances qui font de nous de bons consommateurs."
C'est ce qu'on peut lire sur la quatrième de couverture du bouquin "Gouverner par le chaos" (éditions Max Milo). Les auteurs (collectif anonyme) s'en prennent à la mondialisation et décrivent les différents moyens utilisés aujourd'hui pour aliéner les peuples. Rapide (90 pages), mais stimulant.
Ce livre, je l'ai trouvé à la FNAC, placé bien en évidence, seul, sur un présentoir, avec un petit billet élogieux d'une lectrice (une certaine Nathalie). Tout autour on vendait des ordinateurs Apple à des cadres dynamiques et des stations de jeux Sony à des ados boutonneux. Depuis, je m'interroge: "Dans quelle stratégie de manipulation des foules, dénoncée par le livre, s'inscrivait cette promo? "