Cartes postales

Publié le 25 Mai 2013

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Les cartes postales achetées au bar-tabac du coin étaient d’une banalité affligeante. Mais qui m’allait bien. 

  Il fait beau, il pleut, meilleurs souvenirs de Perros-Guirec.

 J’étais venu sur la côte bretonne pour étudier les fractales. J'avais tout le temps. 

  Les pommiers sont en fleurs, c’est  jour de tempête.

  Je mentais, bien sûr je mentais, je voulais dire…Peu importe ce que je voulais dire.   C’est toi en lisant qui  donnerait  leur sens aux mots. Parfois je n’écrivais rien, j’envoyais la carte  avec seulement le timbre et l’adresse (pouvais-je faire moins ?). Peu importe ce que ça voulait dire ! Là-bas, à l’autre bout du monde, tu comblerais  le vide.  Parfois je t’écrivais comme si tu étais ma mère.

  Il neige sur Saint-Brieuc, du jamais vu ici, on mange bien et c’est pas cher, je crois que j’ai grossi.   As-tu des nouvelles de Félicien ?   Et le chien comment va-t-il?

  Je savais que le chien vieillissait plus vite que moi :  c’était scientifique et rassurant. Pour le chien, si le chien existe, quand je reviendrai, je serai toujours un jeune homme. Il me fera la fête.

  Envoie-moi un peu d’argent, on ne peut vivre que d’amour et d’eau fraîche  et fais un don pour moi à Saint Expédit.   

Tendrement ou un baiser, ou mille baisers... 

  J’avais alors  la coquetterie de ne jamais signer. Je pensais que les lettres d’amour devaient être anonymes.  Je ne doutais pas que tu me  reconnaisses.


Rédigé par Emile Gillmo

Publié dans #Voyages

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A
On ne peut écrire qu'avec les mots que l'on a hérités de son enfance... Ainsi, j'aime "torride" et "accablante" uniquement parce-que le Maître les avait écrits au tableau noir et identifiés comme<br /> synonymes... Je les avais alors immédiatement réutilisés pour écrire à mon frère soldat en Algérie et pronostiquer qu'il devait être bien accablé sous une chaleur aussi torride... Il m'avait<br /> répondu que oui, il avait chaud mais que la nourriture était bonne... J'avais été déçu qu'il ne m'écrive pas au moins que la nourriture sans être succulente était néanmoins abondante et acceptable<br /> !
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E
Le choix des mots est affaire sérieuse. Il signale toujours une certaine forme d'adoption - ou de refus - des choses, d'intelligence ou de mésintelligence de la réalité. (Clément Rosset).<br /> <br /> Mais on pourrait dire le contraire:le choix des mots est affaire futile, il est quoi qu'on écrive source de malentendus.<br /> D'où le plaisir d'écrire, de lire et d'être lu...
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C
Peu importe les mots... Mais éviter d'employer "signer", "compte"... et sans doute "chèque", "banque"... Un amoureux de ces mots a réussi à se glisser dans ce blog et a établir des liens<br /> commerciaux... Beaucoup de monde aime les mots mais pas tous les mêmes et pas tous pour les mêmes raisons !
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A
Ces petits riens qui disent beaucoup, s'envoient aujourd'hui par téléphone, la carte postale en tire profit, même banale, elle a pris de la valeur... (datée et signée, c'est encore plus précieux !)
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