Les rives de l'Elbe.
Dimanche, comme les gens de Dresde, nous faisons du vélo sur les rives de l’Elbe. La piste cyclable est encombrée, l’ambiance bon enfant. On croise
même une maman sur rollers avec une poussette. A midi, vite fait, dans une auberge, salade d’été aux pfifferlinge, puis, pour le dit, nous poussons jusqu’en Tchéquie. Le retour se fait vélo
dans le train.
On ne peut rêver ballade plus paisible, paysage plus rassurant.
Mais il y eut ce roulement des wagons venant de la frontière. Des soldats couverts de suie lançaient des fumigènes et des nuages noirs cachèrent
bientôt les falaises de craie. J’arrive à Dresde écrasée sous les bombes. Sur les champs de ruines invisibles des touristes se photographient, des couples s’enlacent, des enfants
rient. Comme le soleil éclaire encore le haut des immeubles reconstruits, inévitablement on regarde le ciel.
L'opéra de Dresde.
Les couples mélomanes font le spectacle devant l’opéra de Dresde juste avant 19 heures : pour gagner l'entrée principale du
bâtiment, ils doivent traverser à pied une partie de l’immense place pavée qui l'entoure. Les hommes, habillés de
noir, se déplacent sans problème, mais c’est l’instant de tous les dangers pour les jeunes élégantes en robe longue serrée sur leurs talons aiguilles. On les voit, poupées insouciantes, aériennes et gracieuses soudain se désarticuler et marcher comme de vilains canards. Seules, les plus
âgées, qui ont su garder aux pieds des chaussures plates, avancent dignement. Elles ne sortiront de
leur sac à main les escarpins de fête qu’une fois parvenue sous l'arcade qui conduit à l'escalier d'honneur.
Tout ce beau monde enfin entré sain et sauf dans l’opéra, la Theaterplatz se vide aussi de ses badauds rigolards et bariolés qui espéraient des
chutes.
http://www.artsetvie.com/pdf/conferences/PlusPrintemps04.pdf