Médecin traitant
Publié le 15 Mars 2010
Fragment du mur de Dan Perjovschi
Dessin à la craie
(Xème Biennale d'art contemporain de Lyon)
J’entretenais avec ce médecin des liens d’amitié qui m’obligeaient à le ménager. Comprenez que je ne pouvais pas lui dire comme ça que j’avais perdu confiance en lui et que je ne voulais plus qu’il me soigne. J’en étais arrivé à penser que, pour ma guérison, il faudrait que mon médecin tombe malade afin que je puisse en changer sans le vexer et risquer de perdre ainsi son amitié. Je savais, pour avoir à l’occasion partagé avec lui ces plaisirs malsains, qu’il fumait et buvait beaucoup. Aussi, à chaque visite, je scrutais son visage pour déceler les signes éventuels de la cirrhose libératrice. Mais sa complexion semblait moins délicate que la mienne et je sortais de son cabinet chaque fois encore plus déprimé.