Moderato Cantabile
Publié le 28 Février 2010
Du roman de Duras j’adorais le titre. C’était un petit livre ergonomique en édition poche, suffisamment étroit et léger pour qu’on puisse le tenir entre le pouce et l’index, idéal pour claquer une mouche l’été.
Hélas ! Comme une grenouille de laboratoire sur sa plaquette de liège, c’était aussi un objet d’étude trop facile à disséquer.
Ainsi de la fameuse scène du poisson à qui mieux mieux expliquée, commentée, décomposée et recomposée à l’école…
« Sur un plat d’argent à l’achat duquel trois générations ont contribué, le saumon arrive, glacé dans sa forme native. Habillé de noir, ganté de blanc, un homme le porte, tel un enfant de roi, et le présente à chacun dans le silence du dîner commençant. Il est bien séant de ne pas en parler.»
…j’ai gardé le dégoût de la bête surtout quand elle m’est servie froide.
Les années passent, les temps changent et le saumon n’est plus ce qu’il était.
Maintenant quand je refuse d’en manger, on me reproche des goûts de luxe. Je laisse dire. Comment expliquer à des gens sans culture les effets sur l’estomac de vieux cours de littérature ?
Moderato Cantabile de Marguerite Duras ( Les Editions de Minuit)