Visite médicale

Publié le 5 Novembre 2013

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La dernière fois quand je lui avais dit que j’étais malade, le médecin l’avait mal pris. Visiblement, je lui faisais soucis. A tous les  maux que je  sortais, il répondait, c’est nerveux ! la tête ? Nerveux ! Le ventre?  Nerveux ! Les genoux ? Nerveux ! La tension ? Nerveux ! Le cholestérol ? Nerveux !  Il avait conclu, très énervé,  mais puisque je vous dis que c’est nerveux !


Moi, je suis pas bête! Je comprenais bien que je l’agaçais, que si j’étais malade, c’était évidemment pas de sa faute! Que c’était la mienne! Qu’il fallait que je prenne  sur moi ! Que mes symptômes le fatiguaient  grave. Et c’est vrai que mon toubib, à son âge, dans son état, avec tous ces gens qui venaient gémir et tousser chez lui, je comprenais qu’il soit fatigué.   Malgré la fièvre (j’avais alors un bon 40, mais c’est nerveux, il avait dit), on s’était quitté un peu en froid.

 

Cette fois j’ai bien retenu la leçon.   Quand il a ouvert la porte de son cabinet et qu’il m’a demandé sur un ton déjà accablé,  alors c’est quoi encore qui ne va pas ? J’ai tout de suite répondu, tout va bien, rassurez-vous, docteur, tout va bien!   Ça l’a mis de bonne humeur. Il était soulagé, détendu. Jamais je n’avais vu pendant  consultation  toubib  si reposé. J’étais enfin un bon patient ! On a mis de côté toutes les petites questions indiscrètes sur ma santé, on a laissé tomber l’auscultation.  Assis à son bureau, on n’a parlé que de la pluie et du beau temps et il m’a signé sans rechigner l’ordonnance que j’avais préparée. Il y avait dessus toutes les drogues, gélules, pastilles, crèmes merveilleuses qui me font rêver. J’avais préparé aussi les 23 euros de la consultation pour qu’il n’ait  pas la peine de chercher la monnaie et je n’avais pas oublié ma carte vitale, oubli qui avait le don de le contrarier. 

 

Quand, au bout de 5 minutes, je suis sorti,  il m’a dit, tout sourire, c’est vraiment un plaisir de vous soigner, revenez quand vous voulez ! J’étais heureux. J’aime  quand mon médecin m’aime.


 

Rédigé par Emile Gillmo

Publié dans #Chroniques

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E
Lui demander 23 euros? J'avoue y avoir songé...Mais je n'ai pas osé passer à l'acte. Je poserai la question à mon psy.
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P
Vous n'êtes sans doute pas d'emblée et malheureusement pour vous le patient idéal. Lorsqu'il prononce le "serment d'Hippocrate" le jeune médecin jure qu'il "n'entreprendra rien qui dépasse ses<br /> connaissances". Le catalogue de symptômes que vous lui exposez l'inquiète au plus haut point et le met en difficulté par rapport à son serment. Votre attitude seconde ne peut que le satisfaire. Il<br /> n'est plus soignant mais collaborateur de son patient. Il n'est plus soignant mais vague prescripteur d'une ordonnance pensée par vous. Ainsi, vous lui permettez de rester fidèle à son serment en<br /> "dirigeant le régime de son malade à son avantage" et en "n'administrant aucun poison". Bravo, vous êtes devenus le patient idéal. Juste une petite précision, votre médecin ne vous aimera<br /> malheureusement jamais. Dans la relation que vous avez instaurée avec lui de "gagnant/gagnant", vous l'avez guéri de son agacement, de sa nervosité et vous lui avez apporté un réel réconfort. Ne<br /> vous méprenez pas sur son sourire et son calme. Se guérir en empochant 23 euros peut engendrer une vraie satisfaction. Je vous suggère d'aller plus loin dans votre relation en lui demandant lors<br /> d'une visite à venir de vous payer 23 euros. S'il accepte, restez lui fidèle ; vous avez enfin trouver le vrai médecin, celui qui "ne se laissera jamais influencer par l'appât du gain et la soif de<br /> la gloire"...
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