Le coup du lapin

Publié le 22 Novembre 2019

 

 

 

 

- C’est normal, Madame,   le deuxième lapin, il n’a pas de bouquet dans la main?

Je relève  la tête et soulève le menton du reposoir, conscient du ridicule   de poser à mon âge une telle question.

 

- Oui, oui c’est normal, Monsieur, ne vous faites pas de soucis!  Reposez bien votre menton , plaquez  votre front et regardez de nouveau dans la lunette et dites- moi quand vous n’en verrez plus qu’un… de lapin.

 

Elle a dit ça un peu en se moquant et maintenant elle tourne doucement la molette de la lunette en sens inverse.

Les deux lapins, celui avec bouquet et l’autre sans, se rapprochent,  se superposent     Je m’écrie triomphant, ça y est,  j’en vois plus qu’un! Et c’est le lapin qui tient dans la main un bouquet.

 

 

Mais du bouquet, à mon orthoptiste, de toute la séance, je n’en parlerai plus. Trop peur qu'elle se moque une nouvelle fois! Je n’en pense pas moins, je ne comprends toujours pas, et ça me turlupine: pourquoi le deuxième lapin, qui est en fait le premier, mais que je vois en double quand l’orthoptiste fait tourner sa molette n’a plus de bouquet dans la main puisque le premier, le modèle,  l’unique, le vrai en a un de bouquet? Mes yeux dédoubleraient les lapins, mais pas les bouquets! Comment est-ce possible? Que me cache cette sournoise orthoptiste? Vais-je vers une nouvelle complication oculaire?

 

 

                                                 Epilogue

 

  

- Dans la patte!

- Quoi dans la patte?

- Les lapins n’ont pas de mains, me corrige ma femme, une ancienne institutrice, à qui je viens de raconter l’histoire du lapin au bouquet. Un lapin ne peut tenir un  bouquet que dans sa patte!.

Agacé, je lui réponds que patte ou pas patte, ce n’est vraiment pas le problème et que présentement je me retrouve à l’hôpital avec une patte dans le plâtre!

 

Le seul problème, c’était que le cabinet de mon orthoptiste se trouvait au 5 ème étage d’un immeuble ancien et que pour redescendre après la consultation, il me fallait utiliser un ascenseur. Bien trop lent et trop exigu pour moi, j’en avais fait l’expérience à la montée. Je suis claustrophobe (ça se soigne aussi, je sais, mais je peux pas tout soigner…).

 

Bref, par précaution donc, pour m’éviter toute bouffée d’angoisse inutile j’avais préféré prendre l’escalier.

Les deux premières marches  m’ont été fatales… En vrai, il n’y en avait qu’une.

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Emile Gillmo

Publié dans #Chroniques

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article