Cairnryan ( Ecosse)
Publié le 22 Novembre 2013
Il n’y a rien d’autre à Cairnryan que le départ du ferry. La traversée jusqu’à Larne dure 2 heures dans une sorte de cafétéria flottante aux relents de cantine. La mer est calme. On n’est pas dans l'épopée marine. Pas de corsaires, pas de flibuste.
Des Irlandais rentrent au pays, couples tranquilles, familles remuantes, chauffeurs routiers. Plus quelques touristes qu’il suspecte s'être arrêtés au Marks et Spencer de Dumfries pour y faire la razzia de ces cakes denses aux raisins sultana et cerises confites dont les tranches délicates à couper s’émiettent doucement dans le thé de l’après-midi et qui lui sont délices par cette touche déliquescente, un peu trop sucrée, qu'ils apportent à la boisson stricte et amère - réconciliation de deux façons d'appréhender la vie - mais qu'il a cherchés en vain, tournant comme une âme en peine de longues minutes autour des rayons pâtisserie du grand magasin, perdu dans la profusion anarchique de gâteaux improbables, friandises rutilantes et boules de gomme colorées.
A l’heure dite, le bateau quitte le quai. Assis au salon de proue face à l’immense baie qui donne sur le large, il
est maintenant sourd aux bavardages, muet, tendu, le nez fermé à toutes les odeurs, les yeux fixés sur l’horizon. Il a pour seul projet de ne pas être malade. ll faut tenir 2 heures. Même si
rien ne tangue, c’est sûr, il se connaît, un simple écart de pensée et il vomit.